Port sur le chenal du Saugeron

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Blaye

Le port de Blaye, situé à la limite des côtes rocheuses et des zones marécageuses de l'aval, point de rupture de charges sur la rive droite de l'estuaire, constitue un relais essentiel du commerce maritime entre Bordeaux et l'océan depuis le Moyen Âge. Le débouché du ruisseau de Saugeron à sa confluence avec celui de la Cave forme vraisemblablement un port fluvial dès l'existence d'une place forte à Blaye. Le chenal est décrit au tournant du 17e siècle comme "un petit esteys qui entre sous la ville pour retraite aux petits vaisseaux", sans possibilité d'en faire un havre "car tout y est pierreux au fons". Il figure sur la vue de Chastillon de 1606 avec plusieurs modestes embarcations échouées sur sa rive gauche. Le plan de 1630 de l'Atlas militaire de Louis XIII montre toutefois plusieurs ponts, ne permettant l'accostage de bateaux qu'à son extrémité. Une chapelle dédiée à la Sainte-Trinité, dite du Bureau, fréquentée par les marins, existait au 17e siècle près du Pont de l'écluse, sur la rive droite.

La taille réduite du chenal et les problèmes d'envasement ne permettent pas l’entrée de bateaux de plus fort gabarit, qui mouillent aux 17e et 18e siècles dans le "havre" ou la "rade" de Blaye, entre le rivage et une île récemment apparue dans l'estuaire. Le chenal reste cependant indispensable pour le transbordement des personnes et des marchandises. Lors de la venue à Blaye en juillet 1782 de l'archevêque de Bordeaux, Mgr de Cicé, une visite du chenal est organisée, ainsi que l'examen du projet de construction d'un nouveau port dû à l'ingénieur Duvigneau de Beaulieu. Ces travaux d'élargissement, pris sur le glacis de la citadelle, et la construction d'un ouvrage régulier, n'ont semblent-ils pas été mis en œuvre puisque le chenal est indiqué "presque comblé" en 1783 et nécessite des réparations urgentes. Un rapport de 1787 indique que depuis au moins 25 ans "rien n'a été fait" au port. La même année, en complément d'une somme de 10 000 livres débloquée par l'Intendant, les jurats votent 5 000 livres pour être affectées à la construction d'un peyrat, sur un devis de l'ingénieur Mathieu de Mareuil. L'adjudication des travaux, attribuée au dénommé David en décembre 1788, est résiliée l'année suivante, dans l'attente d'un nouveau projet. Durant la Révolution, des plans et devis d'amélioration du chenal sont d'abord dressés en 1791, à l'initiative du procureur Siozard et du corps municipal, par l'ingénieur des Ponts et Chaussées Nicolas Brémontier. Le projet de redressement du chenal et d'aménagement de la rive gauche par un mur de revêtement est repris en 1793-1794, mais les travaux, évalués à 20 000 livres, ne sont pas mis en œuvre ; seul le peyrat construit par l'architecte David serait réalisé à cette époque.

Au début du 19e siècle, le déportement des courants de la Gironde vers la rive opposée occasionne la formation d'alluvions considérables sur le rivage blayais. L'ancienne cale au débouché de la grande route de Saint-Malo étant envasée, une nouvelle cale est réalisée en 1814. Celle-ci est à son tour abandonnée à l'issue du chantier de remise en état du port décidée en 1832 par le conseil municipal, d'après un projet de l'ingénieur des Ponts et Chaussées Antoine Thénard. Après accord de l'autorité militaire au printemps 1834, les travaux de prolongement du chenal par un ouvrage en charpente sur sa rive gauche sont engagés en 1836, et le nouvel embarcadère sur la Gironde, mis en service au mois de novembre de la même année, accueille ses premiers bateaux à vapeur. Au total, l'amélioration du port aura coûté plus de 40 000 francs à la commune. Un plan de 1847 montre le chenal avec sa cale inclinée sur la rive gauche et le mur de quai vertical à son extrémité, le peyrat dans le fleuve et le ponton du débarcadère au débouché d'allées arborées au sud.

Malgré ces travaux, la capacité du port reste insuffisante au début des années 1860, eu égard au trafic et aux gabarit des bateaux : le mouvement commercial à Blaye pour le mois de janvier 1860 indique, par exemple, l'entrée de 178 embarcations, pour un jauge de marchandises de 3382 tonneaux, et la sortie de 174 navires, pour un volume de 3302 tonneaux ; 1902 fûts de vin ont été embarqués. Au mois de mars, ce sont 225 bateaux à l'entrée et 224 à la sortie. A la suite d'un accident, la construction d'un brise-lames à l'entrée du chenal est décidée afin d'en faciliter l'accès. Il est probable que les "cales inclinées en pavage", aménagées sur la Gironde entre le quai du chenal et le débarcadère, datent de cette époque, puisqu'elles figurent sur des plans de la décennie suivante.

la mise en service de la ligne de chemin de fer de Blaye à Saint-Mariens, inaugurée en octobre 1873, et l'installation de la gare sur la rive droite du chenal, apportent un important surcroît d'activité au port, qui se déplace vers le rivage estuarien. Une salle d'attente pour les passagers est construite à proximité de l'embarcadère. Le creusement d'un nouveau chenal est envisagé en 1876, sur un avant-projet rédigé par l'ingénieur ordinaire Régnault, mais non mis en œuvre, en raison de la perspective du prolongement de la voie ferrée vers Bordeaux. La même année, un projet d'exhaussement du terre-plein où sont entreposées les marchandises, régulièrement inondé, est lui aussi ajourné, faute de ressources suffisantes de la commune. Le signalement de l'entrée du port est amélioré à la suite de l'autorisation délivrée en 1881 par l'administration de l'installation d'un nouveau feu.

La fin du 19e siècle voit le trafic du port augmenter significativement, avec l'arrivée de produits pétroliers, du charbon anglais et le départ de poteaux de mines à destination du Pays de Galles. L'implantation d'installations industrielles, et notamment de la raffinerie de produits pétroliers Desmarais et de l'usine Humarau, nécessite la construction de nouveaux appontements particuliers sur la Gironde : celui de l'usine Desmarais est établi en 1887. Un nouveau peyrat et un appontement en charpente sont construits en 1903-1904 entre entre le chenal et le débarcadère. Le peyrat étant jugé défectueux, son exhaussement est projeté en 1914 sur un projet de l'ingénieur Clavier, mais l'issue des travaux n'est pas connue. En revanche, le chantier de création de deux appontements ou estacades en charpente plus au sud, afin de permettre l'accostage de navires charbonniers, entrepris en 1915 par l'entrepreneur de travaux publics de Pauillac J. Castagnet, a bien été menée à son terme. Avec ces équipements éloignés de l'ancien chenal, le port de Blaye entre véritablement dans l'âge industriel.

Périodes

Principale : 17e siècle

Principale : 4e quart 18e siècle

Principale : 1er quart 19e siècle

Principale : 2e quart 19e siècle

Principale : 2e moitié 19e siècle

Principale : 1er quart 20e siècle

Auteurs Auteur : Duvigneau de Beaulieu

Actif à Blaye dans le dernier quart du 18e siècle.

, ingénieur militaire (attribution par source)
Auteur : Thénard Antoine

Connu dans l'Almanach royal de 1841 comme ingénieur en chef à Abzac (33).

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Castagnet J.

Entrepreneur de travaux public attesté à Pauillac (33) au début du 20e siècle.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Mareuil Mathieu de

Attaché au département des Ponts et Chaussées de Libourne en 1788.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : David André

Actif à Blaye à la fin du 18e siècle. Epoux de Catherine Durey, père d'André David, architecte à Blaye (1783-1863).

, architecte (attribution par source)

Port d'échouage, le chenal est délimité par une écluse de châsse sur le ruisseau du Saugeron en amont. Il est bordé d'un mur incliné sur sa rive droite, de cales en pentes sur la rive gauche et d'un quai vertical à son extrémité. Tous les ouvrages sont réalisés en pierre de taille calcaire.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1832 B2, B3, 2017 AW, AM

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